Une roue qui ne tourne plus

Retour dans la vallée de la Sorgue. La rivière, jaillissant de la Fontaine de Vaucluse (même si son jaillissement actuel est à peine plus perceptible qu'en été), glisse ses 13°C jusqu'au chef-lieu de canton, qu'elle n'inonde plus grâce à la patience des hommes. De partout, ses bras limpides transforment la ville en mini-Venise. Cette eau fut longtemps utilisée comme force motrice pour les industries locales, jusqu'à ce que le modernisme marque l'arrêt définitif de ce type d'énergie. Les roues transformant la force de l'eau en énergie sont cependant restées, offrant un attrait touristique non négligeable. Et ces roues tournent toutes pour la gloire, en mémoire des heures de labeur des temps révolus. Tournent toutes, sauf une, bloquée par on ne sait quel végétal ou par la corrosion, qui ahâne de toutes ses pales pour ne pas décevoir celui qui lui rend visite. En vain. On la prend en photo quand même, pour lui montrer qu'on l'aime bien, "t'es belle quand même, va !", en espérant que, de douleur de se sentir inutile, elle ne se suicide pas au petit matin.